La création du village

Le terme Essarts ou Essards a pour origine les grands défrichements et déboisements au Moyen-Âge, où l’accroissement de la population entraîna le besoin de gagner de l’espace sur la forêt. 

Avant le Moyen-Âge, notre territoire n’était qu’une vaste forêt sauvage. Certaines des nouvelles communes créées sur ces terres furent nommées Essarts, du verbe « essarter », signifiant « défricher ». « Lès » veut dire « à côté de ».

Dans les textes, il est fait mention du village en 1146 quand Henri, 57ème évêque de Troyes, de la maison des comtes de Champagne, donna les Essarts à l’église de Saint-Etienne de Troyes.

En 1179, la commune était connue sous le nom d’Escarta. En 1556, elle prit le nom de Les Essarts-lès-Sézanne. En 1728, on l’appela les Grands-Essarts pour la distinguer des Petits-Essarts où il y avait moins d’habitants et des Essarts-le-Vicomte . 

Les puits, profonds de 28 à 36 mètres, fournissaient une très bonne eau, qui repose sur la marne, l’argile et la roche. Il n’y a ni fontaine ni ruisseau au village. Ni lavoir non plus, ce qui a assez rare. Les gens puisaient de l’eau dans les puits et lavaient leur linge dans de grandes bassines. Pour les grosses lessives, ils se rendaient au lavoir de Verdey, à environ 3 kilomètres.

L’église

L’église a pour patron Saint-Mémier, qui souffrit le martyre à Brolium sur la Seine le 7 septembre 451.

Le chœur de l’église des Essarts a été construit vers 1606, comme celui d’Esternay. La nef avait un bas-côté au midi, qui correspondait avec la chapelle de la Sainte-Vierge, et qui a été supprimé. Dans le transept, il n’y a qu’une seule chapelle, qui donne sur le midi. Le clocher est un morceau d’architecture à part. Il n’a pas été construit en même temps que les autres bâtiments

Le maître autel est de l’époque Louis XVI. Les grands tableaux du 18ème siècle. Avant le vingtième siècle, les hommes prenaient place dans le chœur et les femmes dans la nef.

Les aventures (et mésaventures) de quelques curés des Essarts.

 

Le premier curé des Essarts à faire parler de lui est Jean du Bac, natif du lieu. Il se laissa prendre aux théories luthériennes et se maria, créant un grand scandale. Lui fut intenté un procès. Il fut dégradé de la prêtrise, puis arrêté, condamné à mort, étranglé et brûlé le 9 juin 1543.

 En 1791, Mr Patenotre, curé des lieux, prêta serment à la constitution civile du clergé, racheta le presbytère vendu par le gouvernement et le laissa à la commune par testament.

En 1817, arriva sur la commune le père Charton. Etant un jour à La Noue, village qu’il desservait également, il se mit à discuter avec un berger. En plaisantant, il lui fit le défi que cinq bergers mourraient à La Noue avant qu'un curé ne mourut aux Essarts. Le berger releva le gant et lui déclara que le contraire se produirait. 

Mr Charton mourut peu après. Le curé d’après mourut au bout de 5 mois en revenant de dire la messe à La Noue. Le suivant mourut aussi très vite. 

Suite à la légende, la cure resta vacante pendant 4 ans. Les curés suivants ne moururent pas aux Essarts mais n’y restèrent que très peu de temps. Ainsi la prédiction du berger fut en partie accomplie : 3 curés moururent et les autres furent comme morts pour la paroisse, puisqu’ils la quittèrent.

L’Hermite

Le hameau tire son nom d’un ermitage qui existait dans la forêt du Gault et que s’étaient construits des hommes qui fuyaient le monde et cherchaient la solitude dans des lieux sauvages pour être au plus près de Dieu. 

La cabane de l’ermitage fut un jour rasée et transformée en château, dont il ne reste aujourd’hui aucune trace. Il est seulement mentionné en 1670. 

La Godine

Le nom vient de la forêt du Gault, toute proche. Autrefois, le hameau s’appelait « La Gaultine », puis est devenu « La Gaudine ».  C’était un fief. 

En 1670, est cité un seigneur de la Gaudine dans le procès-verbal de la noblesse de Champagne : « Largentier, originaire de Champagne. Jacques Largentier, sieur de Chesnoy, demeurant à La Gaudine. « D’azur à trois chandeliers d’église d’or ». 

Le Gué-Barré

Le Gué-Barré tire son nom d’un gué, placé à côté de la ferme, lequel n’avait point d’issue pour décharger ses eaux.

Le Châtelot

En 1961, on y fermait la deuxième école du village. Tous les élèves des hameaux y étaient scolarisés. 

Le cahier de doléances des Essarts-Lès-Sézanne

En 1789, la commune rédige comme toutes les communes de France un cahier de doléances pour se plaindre de ce qui ne va pas dans le pays, avant la réunion des Etats généraux à Versailles pour tenter de tout réformer

Voici l’intégralité des demandes des habitants de la commune :

Article 1er : La communauté des Essarts-lès-Sézanne qui a, dans la forêt du Gault, un droit de passage fondé sur de bons et anciens titres, ainsi que plusieurs autres paroisses riveraines de ladite forêt, se plaint d’être troublée dans ce droit pour les difficultés que lui font les gardes de la maîtrise des eaux et forêts de Sézanne, qui ne veulent pas souffrir qu’on conduise les bestiaux en corde dans les routes spacieuses pratiquées dans ladite forêt où il se perd tous les ans une grande abondance d’herbes qui serait d’une grande ressource pour les animaux qui meurent de faim, faute d’autres pâturages, la communauté des Essarts manquant absolument de près d’usages et de toutes espèces de biens communaux.

Article 2. La communauté des Essarts-lès-Sézanne se plaint d’une augmentation de tailles (1) pour la présente année, au lieu de la diminution que semblait lui promettre l’établissement des assemblées municipales.

Article 3. Ladite communauté se plaint de l’universalité d’un droit de terrage (2) rigoureux, à raison de treize gerbes l’une, outre le droit des décimateurs (3) sur le trottoir des Essarts et sur celui des Bordes, paroisse de Mœurs

Article 4. Ladite communauté se plaint que la race des loups se multiplie dans forêt du Gault ; qu’ils font de grands ravages, et elle demande qu’on emploie les moyens nécessaires pour la destruction de ces animaux.

Article 5. Ladite communauté demande qu’on fasse faire un pont sur le grand chemin de Tréfols, à l’endroit nommé le Rû Louvat, et un second à l’endroit nommé les Roises, rû du Moutier, pour que les habitants des hameaux puissent, sans danger, venir au village et pour la facilité des charrois (4) dans la forêt du Gault.

Article 6. Ladite communauté représente que vingt maisons sont envahies par inondations causées par les orages ou par les  fontes des neiges, ce qui oblige les habitants de quitter leurs maisons, et en faire sortir leurs bestiaux ; la communauté demande qu’on lui accorde des secours pour lui faire éviter ce malheur par la suite.

Article 7. La communauté se plaint du tort considérable qu’occasionnent les chevaux des voituriers étrangers des bois de la forêt du Gault, connus sur le nom de Thiérarchiens (5), qui laissent aller leurs animaux dans les champs emblavés (6), surtout pendant la nuit, et qui se font craindre par leurs menaces.

Article 8. La communauté des Essarts-lès-Sézanne se plaint qu’on fait payer aux laboureurs et autres personnes qui conduisent des grains au marché de Sézanne, un droit de minage (7) rigoureux, ce qui les occasionne d’en conduire dans d’autres villes, attendu que le droit de minage n’y est pas si fort. 

Article 9. Ladite communauté se plaint aussi d’un chemin qui est impraticable par les temps de pluies, qui conduit de Sézanne à la forêt du Gault, où passent tous les voituriers de Sézanne et autres villages de Champagne.

Article 10. Ladite communauté se conforme au cahier des doléances et demandes de la ville et faubourgs de Sézanne. Auquel jour 8 mars 1789, lesdits habitants ont donné pouvoir et puissance de présenter et faire valoir les articles ci-dessus et autres qu'ils jugeront bon d'être par raison, et même d’élire telles personnes et ensemble avec les autres paroisses et juridictions dépendant du bailliage de Sézanne et autres, pour assister auxdits Etats généraux du royaume de France qui se tiendront en la ville de Versailles, le 27 avril prochain.

Fait sous les seings de nous, ancien praticien et greffier, le 8 mars 1789. 

Petitglout, Etienne Pelletier, Maréchal , J.-B. Matrat, Néret, J. Masson, B. Fort, Jean Crapard, L. Jamart, J.-B. Renard, greffier municipal, Royer, syndic municipal. (11 sigantures)

NOTES

1. Taille: Impôt pour le peuple

2. Droit de terrage: Taxe payée par le paysan au seigneur, consistant à prélever une part de la récolte

3. Décimateur: Individu chargé de collecter la dîme, l’impôt dû à l’église

4. Charroi: Transport effectué par chariot ou charrette

5. Thiérachiens: Habitants de la Thiérache, région du Nord de l’Aisne.

6. Emblaver: Ensemencer une terre en blé, ou toute autre graine

7. Droit de minage: Droit seigneurial levé sur le mesurage et la vente des grains.

Permanence Mairie le Lundi de 16h à 18h30 - Contact 03.26.80.50.74

22, Grande rue - 51120 Les Essarts-lès-Sézanne